Mendès France et De Gaulle à l'Assemblée nationale

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Pour résoudre la crise en Algérie, où l’armée s’est soulevée contre le gouvernement, le président de la République René Coty appelle Charles de Gaulle à la présidence du Conseil. Les 1er et 2 juin 1958, les députés de l’Assemblée nationale débattent de l’investiture du nouveau gouvernement et des pleins pouvoirs accordés au général de Gaulle. Pierre Mendès France est alors député radical-socialiste de l’Eure.

Intervention de Pierre Mendès France

5  « Quoi qu'il en coûte au sentiment que j'éprouve pour la personne et pour le passé du général de Gaulle, je ne voterai pas en faveur de son investiture, et il n'en sera ni surpris, ni offensé. Tout d'abord, je ne puis admettre de donner un vote contraint par l'insurrection et la menace d'un coup de force militaire. Car la décision que l’Assemblée va prendre chacun ici le sait n'est pas une décision libre, le consentement que l'on va donner est vicié. […]

10  J'évoque le chantage à la guerre civile, l'annonce du coup de force organisé contre les représentants du peuple au cas où leur décision ne saurait pas celle qu'on prétend leur dicter. […] car notre mandat nous interdit d'abdiquer devant la force, notre mandat nous fait un devoir de revenir vers la démocratie si nous nous en sommes éloignés et non de nous en éloigner plus encore. […]

15  Puisse l'histoire dire un jour que de Gaulle a éliminé le péril fasciste, qu'il a maintenu et restauré les libertés, qu'il a rétabli la discipline dans l'administration et dans l'armée, qu'il a extirpé la torture qui déshonore l'État, en un mot qu'il a consolidé et assaini la République. Alors, mais alors seulement, le général de Gaulle représentera la légitimité. […] »

Journal officiel de l'Assemblée nationale sur la session du 1er juin 1958

Intervention de Charles de Gaulle

20  « J'ai constaté, c'est la chose qui m'a le plus frappé, que personne dans cette Assemblée n'a proposé que fussent maintenues telles quelles les actuelles institutions. […]

Je crois bien qu'il y a aussi, parmi vous, l'accord complet sur le fait qu'il n'est pas possible, dans les circonstances où nous sommes et dans les assemblées telles qu'elles sont actuellement constituées, d'aboutir à une véritable réforme de ces institutions […].

25  J'ai constaté aussi que, parmi les voix qui se sont élevées pour critiquer ce que le gouvernement proposait, peut-être même pour évoquer ce que personnellement je puis faire dans cette grave affaire, certaines étaient celles d'hommes auxquelles, je l'avoue, j'étais, je demeure, à tous égards, profondément attaché pour toutes sortes de raisons qui tiennent au passé et dont j'espère qu'elles tiennent aussi à l'avenir. Car je suis convaincu que si nous aboutissons, à partir de l'Assemblée nationale, à modifier grâce au peuple les institutions de la République, nous serons bien nombreux, sinon peut-être unanimes, à nous retrouver de nouveau. […] »

Journal officiel de l'Assemblée nationale sur la session du 2 juin 1958

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